“Moi c’est Pierre, j’ai 38 ans et je suis originaire du Hainaut, du côté de Solesmes entre Le Cateau et Valenciennes. J’aime tout particulièrement la chaleur des gens du Nord qui méritent clairement la célèbre phrase de Gaston Ghrenassia “Les gens du Nord ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors”. Mon truc à moi c’est la gastronomie sous tous ses angles. Dénicher, déguster, me faire plaisir… J’adore ça.”
Natif du Hainaut, exilé en Anjou puis revenu aux sources en Pévèle
A 38 ans, j’ai d’abord eu plusieurs expériences commerciales et entrepreneuriales avant de rejoindre un projet d’entreprise du monde brassicole dans la région Lilloise. Je suis marié et j’ai deux petits gars qui me donnent pas mal de fil à retordre. Sur mon temps libre, j’adore découvrir de nouveaux lieux qui touchent de près ou de loin à la gastronomie, faire de la musique avec mon groupe de rock et me vider la tête avec un peu de sport.
Je suis particulièrement attaché à cet ancien territoire minier qui s’étire, en gros, de Douai à Charleroi en passant par Valenciennes, Mons ou encore Maubeuge. Certes, on a pas la mer, ni un climat exceptionnel mais ce que j’aime par dessus tout ici ce sont les gens ! Ils savent accueillir comme nulle part ailleurs. J’aime aussi ce territoire parce que j’y ai mes racines, tout simplement. C’est d’ailleurs ici dans le Hainaut que j’ai réellement découvert la bière et la convivialité qu’on y associe.
Aujourd’hui, je vous emmène à la découverte de mon périple fétiche à travers le Hainaut franco-belge.
En route pour un beer trip franco-belge !
Le Hainaut a cet avantage majeur, celui d’être à la fois français et belge. D’un côté comme de l’autre, chaque territoire a d’indéniables atouts niveau bière ! Côté français, on retrouve les traditionnelles bières de garde et côté belge, les bières de type saison. Toutes deux trouvent racine dans les fermes brasseries. Historiquement, elles diversifiaient leur activité agricole en brassant de la bière à certaines périodes de l’année (globalement entre octobre et février). Ces deux styles de bière dites fermières qui auraient pu disparaître connaissent aujourd’hui un nouvel essor et sont particulièrement appréciées par les nord-américains qui n’hésitent pas à débarquer dans le Hainaut pour découvrir le berceau de leurs styles favoris. D’ailleurs, de prestigieuses brasseries Nord-Américaines se sont déplacées jusqu’à chez nous pour réaliser de grosses collaborations avec des brasseries locales.
A la rencontre des bières de garde chez Vivat
Pour cette première journée, direction la brasserie VIVAT au Cateau-Cambrésis. Décollage du côté de Lille, où j’ai élu domicile voilà quelques années. Ce sera une heure de route environ. Je m’organise pour arriver en fin de matinée, le moment idéal pour la première dégustation de la journée. Une fois sur place, lorsque l’on pénètre sous le porche d’entrée, ça fait toujours quelque chose. Les murs de cette ancienne brasserie historique sont vieux de plus de 400 ans et les travaux de rénovation qui ont été réalisés magnifient le site sans le dénaturer.
Une fois dans la brasserie, on se retrouve face à cette splendide cuve en cuivre de la salle de brassage où l’on brasse encore à cuve ouverte. Une fois la Vivat blonde dégustée sur le bar face aux cuves, nous passons à table dans l’estaminet de la brasserie pour un déjeuner traditionnel de la région. Ici, c’est copieux et de qualité. Ma femme fait le choix d’un welsh roboratif alors que je jette de mon côté mon dévolu sur l’incontournable carbonnade flamande : quel régal ! Une dernière bière barriquée en foudre de bourbon vient clore le repas de la plus belle des façons.
Brasserie Vivat : https://www.brasserieducateau.fr/
Pour la digestion, une parenthèse culturelle s’impose !
Une fois sortis de la brasserie, direction le musée Matisse, à quelques encablures de là. En effet, difficile de se priver de ce joyau situé à seulement 300 mètres de la brasserie. Rien de tel qu’une (re)découverte des chefs d’œuvre du peintre natif de la ville. Ses toiles colorées et avant-gardistes ne manquent pas d’ouvrir à nouveau nos soifs et appétits. Après deux heures de découverte, il est temps de rejoindre notre prochaine étape : une brasserie ouverte en 1989.
Musée Henri Matisse : https://museematisse.fr/
Suite et fin de journée à la brasserie Au Baron à cheval sur la frontière.
La journée est déjà bien entamée, nous reprenons la route pour nous rendre à la brasserie Au Baron située à Gussignies. Sur place, nous retrouvons des amis locaux pour une visite de la brasserie et un apéritif en terrasse, au bord de l’eau. On se délecte toujours autant de ces bières qui ont tant bercé notre jeunesse. La soirée s’y prolonge avec un groupe de rock qui se produit. Il fait bon vivre, on aimerait que le temps s’arrête… On loge dans une chambre d’hôte très confort pour la nuit, l’offre est pléthorique dans le secteur.
Brasserie Au Baron : http://www.brasserieaubaron.com/
Deuxième jour, place à la Dewann (Amusement) mais pas que… !
Réveil en douceur, on a veillé tard. Après un petit café, on quitte le cadre bucolique de l’avesnois pour rendre visite à une belle équipe de déjantés ! Direction la brasserie du Borinage qui se trouve à une vingtaine de minutes du berceau de la cuvée des Jonquilles. Ici, on parle une langue un peu étrange, le borin, un dialecte local.
Les fondateurs de la brasserie sont aussi à l’origine du festival de la coupe mulet, c’est dire le niveau d’auto-dérision de l’équipe. Niveau mousses, c’est bien fait et parfois aussi extravagant que les hôtes. Vous pourrez notamment vous délecter de l’Urine, une bonne double IPA faite dans les règles de l’art. Nous sommes partis pour un bon moment de rigolade dans un lieu accueillant qui s’événementialise le dimanche avec un marché de producteurs et de la street food quali. On trouve sur place de quoi prendre une collation et repartons avec l’estomac bien rempli.
Avant de regagner Pipaix, nous faisons un stop sur le site du Grand-Hornu, à seulement 3 kilomètres de là. Cet ancien site minier est l’un des sites majeurs du patrimoine wallon. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, il comprend l’une de plus anciennes citées ouvrières du monde. Le détour en vaut clairement la chandelle !
Pour la dernière étape de ces deux jours dans le Hainaut, nous nous arrêtons à la brasserie à vapeur de Pipaix. Elle dispose d’une installation unique au monde qui date de la fin du XVIIIème siècle, un véritable must see. Le propriétaire des lieux, un féru d’histoire et de tradition joue le jeu jusqu’au bout et revêt même un costume d’époque pour théâtraliser sa visite ! En plus du spectacle, c’est un accueil chaleureux et de bonnes bières dans la pure tradition des fermes brasseries qui s’offrent à nous. Après près de deux heures passées sur place, il est temps de rentrer au bercail.
Brasserie du Borinage : https://brasserieduborinage.be/
Site du Grand-Hornu : https://www.visitmons.be/
Brasserie à Vapeur : https://www.vapeur.com/
“Cette virée déconnectante dans le Hainaut franco-belge a une fois de plus tenue toutes ses promesses. Terre d’accueil au riche patrimoine brassicole, elle offre toujours un voyage unique à travers le temps et les rencontres.”
Il faut goûter ! La Cuvée des Jonquilles
Coup de projecteur sur ma madeleine de Proust, la cuvée des Jonquilles de la brasserie Au Baron. Cette brasserie a trouvé sa place à Gussignies à la frontière franco-belge pas très loin de Valenciennes. J’adore cette bière parce qu’elle présente une belle rusticité. Bière de garde typique, sa levure unique en fait une bière reconnaissable parmi 10000. Elle a réchauffé bon nombre de mes apéros et soirées et à chaque fois, je la déguste toujours avec autant de plaisir. C’est elle qui m’a définitivement donné l’amour du produit.
Pierre Vantine