Derrière l’appellation bière d’abbaye se cache de nombreux non-dits et abus de langage. L’histoire débutée il y a plus de 1 200 ans a en effet engendré des utilisations et histoires multiples, et il est difficile de définir une bière d’abbaye aujourd’hui.
Voici 9 faits et anecdotes pour briller en société et mieux comprendre ce qui ce cache derrière les bières d’abbayes.
La Naissance de la bière à Chimay
A l’époque de la révolution industrielle et après plusieurs siècles de prospérité grâce à l’exploitation du charbon de bois, la région de Chimay s’appauvrit. Un abbé de Virelles, Jean-Baptiste Jourdale, souhaite alors redynamiser le territoire grâce à l’agriculture et fait appel à la communauté trappiste pour l’aider. Le prince de Chimay, très pieux, offre alors des terres pour développer de nouvelles activités. En réponse à l’appel de l’abbé, ce sont six moines de l’abbaye de Westvleteren qui fonderont le monastère de l’abbaye de Scourmont.
Fin de partie à l’abbaye Saint Joseph de Spencer

Alors qu’ils avaient défrayé la chronique en brassant des styles ultra modernes (IPA , Stout ou encore Pilsner) depuis 2013, les moines de l’abbaye trappiste de Saint Joseph de Spencer dans le Massachussets ont annoncé en avril 2022 vouloir arrêter leur production. Ils ont en effet estimé que le marché n’était pas viable pour eux, malgré l’aide des moines de l’abbaye de Scourmont. La communauté trappiste perd donc sa seule brasserie d’abbaye estampillée ATP hors Europe.
On rebrasse à l’abbaye de Grimbergen
La bière dont la marque appartient désormais aux géants Heineken en Belgique et Carlsberg en France a décidé de renouer avec ses origines, en réinstallant sur site une micro-brasserie au sein de l’abbaye. Même si les volumes sur place sont anecdotiques pour le moment par rapport à la marque historique, le père Karel, à l’initiative du projet, a envie de renouer avec la tradition monastique et laisser libre cours à son imagination. Le phœnix est prêt à renaître une nouvelle fois de ses cendres.
Abbaye de St Wandrille, une place à part
L’abbaye de St Wandrille en Normandie produit la seule bière d’abbaye française brassée par des moines. En recherchant une activité pour respecter la règle de St Benoît, Ora et Labora (prie et travaille), les moines se sont tournés vers l’histoire du site et la production de bières artisanales. Accompagnés par Brasseurs de France et quelques brasseries locales et françaises (dont la célèbre brasserie du Pays Flamand), les moines bénédictins ont ainsi pu créer leurs propres recettes et brassent depuis 2016 ! Un retour à une tradition monastique brassicole en France ?
Un Orval vert bien singulier
Tout le monde connaît l’Orval. Mais il existe une seconde bière brassée par l’abbaye : l’Orval Vert. Il tire son nom de la couleur de ses toutes premières bouteille, vert plutôt que le classique brun des bouteilles d’Orval. Plus légère en alcool, la recette était à l’origine la même que sa grande sœur. Cette bière n’est pas disponible dans le commerce, car elle n’est produite que pour les moines de l’abbaye et les retraitants. Pour les amateurs, on peut aussi la trouver en exclusivité « au fût » à l’auberge de l’abbaye « L’Ange Gardien ».
La bière du Mont des Cats, trappiste ou pas?
L’abbaye du Monts des Cats à Godewaersvelde dans le Nord existe depuis 1826. Mais la bière historiquement brassée sur place ne l’est plus : l’ancienne brasserie n’a pas été reconstruite après la première guerre mondiale. En 2011, les moines se sont tournés vers la communauté de l’abbaye de Scourmont (Chimay) pour brasser une bière en leur nom. La bière créée appose donc le nom de bière trappiste, mais n’est pas éligible au logo ATP car non produite dans l’enceinte de l’abbaye. Mais pour combien de temps ? Son fromage, produit sur place, est en revanche estampillé ATP.
Une bière belge d’abbaye reconnue, brassée par le diable
L’abbaye de Maredsous, située au cœur de la vallée de la Molignée, a été lancée en 1872 par des moines bénédictins. En 1947, les moines décident de brasser une bière blonde afin d’accueillir chaleureusement les pélerins et touristes de plus en plus nombreux après la seconde guerre mondiale. Mais cette bière est en réalité brassée par la célèbre brasserie Duvel Moortgaat, connue pour sa célèbre Duvel. Quant on sait que Duvel signifie diable en flamand, voici un clin d’oeil amusant pour une bière céleste.
Et l’ordre trappiste fut
On ne doit pas le mot trappiste à la Belgique mais… à la France ! Plus précisément à la Normandie. C’est en effet à l’abbaye Notre Dame de la Trappe, située dans l’Orne, que l’on doit ce terme, puisqu’elle est l’un des berceaux de l’ordre Cistercien de la Stricte Observance. Elle doit son nom aux nombreux pièges que l’on y tendait au gibier dans les environs de l’emplacement de l’actuelle abbaye.
Saint Arnould devient Saint patron des brasseurs
La bière a sauvé des vies, et ce n’est pas Arnoult de Soissons qui dira le contraire. En effet, au XIe siècle, il aurait incité les paysans, villageois et hommes de foi à privilégier la bière plutôt que l’eau. La raison ? Saint Arnould, également appelé Arnoult d’Audenarde, avait compris avant tout le monde les bienfaits de l’ébullition. Le breuvage, débarrassé des germes et bactéries, s’est rapidement révélé plus sain que l’eau souillée, surtout lors d’épidémies. Il contribua ainsi à la survie de nombreuses personnes qui virent rapidement en lui un homme doté de pouvoirs divins.
Envie d’aller plus loin ?
Le festival des bières d’abbaye revient à l’abbaye de Vaucelles dans le Nord les 10 et 11 juin 2022.
Notre agence L’Echappée Bière propose un séjour unique autour des bières d’abbaye du 27 et 29 mai 2023.
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