“Moi c’est Olivier, j’ai 34 ans et je suis originaire du Nord de la France. J’ai été journaliste économique avant de tomber amoureux de la bière et d’en faire mon métier en créant une agence de voyages dédiée à cette boisson en 2013. J’ai deux jeunes enfants et côté hobbies ce que j’aime c’est le ballon rond, la littérature et la convivialité. En bref, sur le papier l’Ardenne a tout pour me plaire.”
Une première soirée prometteuse.
Sedan, 20 kilomètres. Lorsque j’entrevois ce panneau au travers d’un pare-brise trempé, je monte le son de la radio, Joe Dassin en l’occurrence. Comme pour mordre avec un peu d’avance dans ce gros gâteau plein de crème bien réconfortante que représente l’Ardenne, à ce qu’on m’a dit.
15 minutes plus tard, je gare mon Volkswagen Touran de location devant le restaurant “Le P’tit Bidule“. Et comme je m’y attendais – et comme je l’espérais vis-à-vis de ma femme – je sais que les 48h à venir vont tenir toutes leurs promesses.
Après 200 kilomètres de voiture sous un ciel si bas qu’un canal s’est perdu, nous optons tous deux pour du réconfort liquide : une bonne vieille Trappiste des familles (de mémoire une Rochefort pour moi, une Orval pour madame), bien servies, avec tout ce qu’il faut de mousse et de sourires. Les deux énooormes et fabuleux choux farci qui accompagnent la bière vous donnent envie que ce soit l’hiver toute l’année. Pour digérer, nous filons au château-fort de Sedan – le plus grand d’Europe ! –, situé à 5 minutes à pieds, et qui vaut le coup, ne serait-ce que pour le traitement hyper original et hyper vivant de l’audioguidage, style Kameloot light.
Choppes en grés, bar en bois et maillots du CS Sedan-Ardennes.
La conscience bien propre de ce shot culturel, nous pouvons retrouver un ami dans un bar à bières incontournable de Sedan, le Roy de la Bière, le plus vieux Pub de France. Ambiance de pub traditionnel. Entre choppes en grés, bar en bois et maillots du CS Sedan-Ardennes au mur, une jolie carte pression – une dizaine de becs – et bouteilles, tout se poursuit sous les meilleurs auspices. Après deux Anosteke et pas plus – car après deux verres tout s’accélère – direction notre logement, le Clos Belle Rose à Haybes, une maison de maîtres en bords de Meuse, et qui abrite, évidemment, une micro-brasserie. Le spot idéal pour le tournage d’un James Bond version « terroir », avec, c’est à noter, une baignoire sabot à faire pâlir toutes les décoratrices du Marais.
Je vous épargne le récit de la nuit…
Le matin, direction une balade en forêt pour tenter de voir des grosses bêtes (c’est une de mes faiblesses, j’adore ça). Bon ce jour-là, manque de chance, les grosses bêtes roulent en 405 et ont un fusil sur l’épaule – et, véridique, une Pelforth à la main ; ce qui ne les empêche pas d’être bien sympathiques.
Nous quittons alors les chasseurs pour Charleville-Mézières. Objectif : le musée Arthur Rimbaud, la Place Ducale et une péniche où parait-il, on sert de bonnes mousses. Même pour les non amateurs de littérature, le musée vaut le coup d’œil. Notamment grâce à une scénographie très chiadée – mention spéciale pour l’installation sonore de la première salle ! La conscience à nouveau bien propre de ce second shot culturel, nous découvrons la somptueuse place Ducale et nous nous jetons, en terrasse sous les arcades, une petite Cuvée d’Arthur, qui est à Charleville ce que la Guinness est à Dublin, la Pietra à la Corse, le Haut-Marbuzet à mon père.
Jean Lasalle avec une longue tresse de barbe.
Nous finissons l’après-midi sur la péniche Mawhot et sa belle carte de bières locales. Mais surtout, ce qui est top ici, c’est le patron. Véritable mémoire vivante des légendes et histoires locales, dont une partie sont peintes sur les murs de la péniche, à mi-chemin entre l’heroic-fantasy et les grottes de (Julie) Lascaux.
Nous reste alors le meilleur. Après une bonne demi-heure de voiture au cœur de la dense forêt ardennaise, le Tchar Scaille se dresse. Il s’agit d’un resto sorti d’une autre époque, qui mériterait environ 35 étoiles au guide Michelin. Déjà, pour le patron. Figurez-vous Jean Lasalle qui aurait décidé de vivre en semi-hermite, de se faire une longue tresse de barbe, de porter une culotte de peau et des sabots de cuir, et vous obtenez une vague idée du bonhomme. Ce même personnage – adorable, évidemment ! – vous dirait qu’il a fait vieillir du Merlot avec des morceaux de chêne et des herbes de la forêt, façon druide. Puis vous servirait des plats cuits au feu de bois dans de petites bolinettes, le tout arrosé de bières locales – et du fameux Merlot druidique.
Le genre d’endroit où vous aimeriez que le temps s’arrête. Et qu’un moratoire sur les contrôles d’alcoolémie soit instauré juste pour ce soir-là. Mais comme ma femme est formidable, c’est elle qui reprend le volant pour aller dormir en rêvant à Albus Dumbledore.
Le lendemain, il faut repartir, avec une certitude et un questionnement : on reviendra, et où passe-t-on les diplômes de druide ?
MES 7 COUPS DE CŒUR
Pour ce weekend houblonné sous le signe d’Arthur Rimbaud et de Pius N’Diefi, j’ai évidemment opté pour les bières locales. Le choix est pléthorique même s’il manque peut-être de variété. L’Ardenne, qu’on se le dise, est le paradis des bières triples. Ici, les brasseries s’inspirent grandement des succès qui ont fait les grandes heures du pays voisin : la Belgique.
Néanmoins, quelques références sortent de l’ordinaire. C’est ici le cas de la Cuvée d’Arthur Houblon qui n’est pas véritablement définie en matière de style. Mais elle s’apparente à une Golden Ale houblonnée. Les notes puissantes et rondes du malt sont ici très bien équilibrées par l’aromatique et l’amertume du houblon. A l’arrivée, cette bière à 7% qui trône un peu partout dans les restaurants de la région est un parfait compromis entre les amoureux de Triples et les inconditionnels du style India Pale Ale. La bière idéale pour initier les becs sucrés aux saveurs plus amères.
“C’est comme je l’espérais une destination bien réconfortante. Sur place j’y ai trouvé des personnalités fortes ainsi que des plats et bières chaleureuses. Tout ce qu’il me fallait pour contrer une météo capricieuse.”
la conclusion d’olivier