Sans paraphraser Pierre Bachelet, l’importance des mines est gravée à jamais dans les coeurs des habitants le long de « La Faille ». Longtemps délaissés au profit de la bière, le patrimoine minier et ses terrils sont récemment devenus la nouvelle fierté du Hainaut. Mieux ! Plusieurs d’entre eux sont réhabilités pour allier sport, nature et patrimoine. Alors pour en profiter au maximum, Route Bière vous propose sa sélection d’escapades entre terrils et brasseries !
Voyage dans le temps à la base 11/19
Les plus fidèles d’entre vous se rappelleront que nous avons déjà visité Lens ici. L’occasion de refaire un point sur l’histoire des terrils du Nord soit dit en passant ! Il faut dire que ce ne sont pas les bonnes raisons qui manquent de visiter la ville ! En plus de l’iconique stade Bollaert et du musée du Louvre Lens, la base 11/19 attire toujours plus de visiteurs. L’ancienne mine reconvertie et classée monument historique est bien plus qu’un vestige abandonné de l’ancienne activité minière. Juste en face des terrils les plus hauts d’Europe (186m quand même !) et à côté de deux anciennes cités ouvrières : on ne fait pas plus authentique ! Et ce n’est pas nous qui le disons, mais l’UNESCO : le site est classé au patrimoine mondial depuis 2012.
© Pidz
Au cours de sa longue vie, le site en a connu des évolutions. C’est d’ailleurs de là qu’il tient son nom ! La fosse 11 est creusée dès 1891, en témoigne l’architecture fin XIXe des bâtiments. Le puits 19, lui, date de 1954, quand l’Etat, désormais propriétaire des mines, cherche à concentrer la production. C’est pourquoi le chevalet métallique typique de la fin du XIXe siècle côtoie aujourd’hui la tour d’extraction en béton. En 1960, la mine extrayait chaque jour 6000 tonnes de charbon, et employait pas moins de 5000 mineurs ! Pas étonnant qu’à la fermeture du site en 1986, les Lensois n’aient pas accepté sa destruction. La mairie de Loos-en-Gohelle rachète le site dès 1990, et en fait un espace de conservation du patrimoine minier.
Du patrimoine industriel à l’écoresponsabilité
Visiter la base 11/19, c’est replonger au cœur de l’effervescence des mines du siècle dernier, dans un bâtiment resté intact. Pour un peu il serait presque en état de fonctionner ! Des bornes nous font même découvrir en réalité virtuelle l’endroit tel qu’il était au fil des époques. Nous ne pouvons que vous conseiller les visites guidées, nécessaires pour réaliser pleinement ce que vous avez sous les yeux. Les guides professionnels expliquent dans les moindres détails le fonctionnement de la mine, mais aussi la biodiversité florissante des terrils.
Mais le site est bien plus qu’un simple musée de la mine. Développement d’énergies renouvelables, écoconstruction, résidence d’artistes en tous genre… La base 11/19 sert de lieu d’expérimentation sociale et écologique à la municipalité ; à notre grand plaisir !
Escalader un des terrils vous fera découvrir la richesse de la biodiversité qui s’y est installée. On y trouve même des plantes africaines ou australiennes ! Le meilleur pour la fin : une fois tout en haut s’offre à vous un panorama sublime donnant sur toute la région. En plissant les yeux, vous apercevez même le Louvre Lens, le stade de foot ou le mémorial de Vimy ! Attention tout de même, les derniers mètres non aménagés sont parfois difficiles à gravir. Vous trouverez les plans des parcours randos au café de la base. L’endroit parfait pour une petite pause avant de partir pour la brasserie de Mai !
La brasserie de Mai : bien boire…
C’est dans la ville de Carvin qu’Olivier et Julie ont trouvé le chaleureux garage qui abrite depuis 6 ans leur brasserie artisanale. A 30 minutes de Lens, la brasserie de Mai est l’adresse parfaite pour récupérer des efforts du jour !
Jukebox, flipper, platines de vinyle… La brasserie recrée à la perfection l’ambiance vintage des années 1980. Parfait pour les plus nostalgiques d’entre vous, avec de bonnes bières craft en plus! Le mieux restant tout de même de tomber sur un des concerts régulièrement organisés sur place.
© brasserie de Mai
Triple blonde (au malt mixte d’orge et d’épeautre), blanche, blonde et ambrée… La brasserie réadapte les plus grands classiques de la région. En plus de ces recettes habituelles, on déguste leurs bières éphémères, plus originales. A l’heure où parait cet article, c’est « La Molette », Imperial stout ambrée brassée au sucre candi, qui sort des cuves ! Son nom rend hommage aux poulies installées au sommet des chevalements des mines. Eh oui ! Ici, les mines ne sont jamais loin !
Vous retrouverez évidemment ces bières dans la chaleureuse taproom de la brasserie, mais aussi dans la boutique, voire même en ligne, grâce au click&collect très rapide. La brasserie est au top de la modernité !
… Et bien manger !
© Pidz / OTLL
Non contents de bien boire, les clients nombreux savourent aussi les snacks et même les tartines de la maison, servies chaque midi en fin de semaine. Ces recettes permettent à la brasserie de réutiliser ses drêches. Olivier et Julie font leur le célèbre adage de Lavoisier : ici rien ne se perd, tout se transforme ! Les célèbres tartines du nord sont accompagnées de desserts aux différentes bières de l’entreprise. Joignez-vous aux habitués déjà conquis par ces recettes originales ! Cerise sur le gâteau : la carte change chaque semaine pour rester de saison, et les ingrédients sont tous locaux.
© Brasserie de Mai
Si vous voulez découvrir plus avant les coulisses de la brasserie, celle-ci s’ouvre aux visiteurs en mai, ou sur réservation pour les groupes d’au moins 7 personnes. Vous pouvez même brasser votre propre élixir lors des ateliers dédiés, entre autres locations de fûts et bières sur-mesure proposées par les brasseurs !
Le terril Sabatier – halte au cœur de la nature
Rendez-vous cette fois au milieu des forêts du parc de l’Escaut pour découvrir le terril Sabatier. Le long d’un sentier balisé (suivez le marquage jaune) de 4km, vous escaladerez pas moins de deux terrils. La sortie parfaite pour découvrir l’histoire minière du Nord tout en se changeant les idées !
Cette randonnée familiale vous emmène au cœur des mines du Nord. Pas moins d’un tiers des communes du parc régional ont un passé minier ! Il suffit de monter au sommet du terril Sabatier pour s’en rendre compte : les terrils s’enchaînent à perte de vue. On aperçoit même Valenciennes les jours de beau temps ! Une fois le premier terril gravi, l’escalade du deuxième attend les plus courageux. Attention ! Si l’ascension, moins aménagée, est plus difficile, le pique-nique au sommet vaut largement le coup.
© La Voix du Nord
Tout autour de vous s’étend le résultat de l’activité humaine centenaire du lieu. Les étangs sont apparus après l’affaissement des sols, percés de galeries sur plus de 700m de profondeur ! Il y a quelques décennies, même les forêts étaient contrôlées par les mineurs. Au lieu des hêtres et bouleaux qu’on admire aujourd’hui s’étendaient de petits arbustes, idéaux pour produire le bois nécessaire à la consolidation des tunnels. La nature a merveilleusement repris ses droits dans un espace autrefois si artificiel. Entre mars et mai, le sol se tapisse même d’anémones et jacinthes, dans un paysage simplement inoubliable. Peut-être même apercevrez-vous un héron ou un martin pécheur !
Entre nature et patrimoine
Au départ du sentier, la maison de la forêt sensibilise les promeneurs de tous âges à la richesse naturelle du lieu. On y trouve également d’instructives explications sur l’histoire du terril et de la région, aussi disponibles ici. Édifié en 1913, 6 ans après la découverte d’un gisement de charbon, le terril est posé sur une ancienne mine fermée en 1980. On y trouve toujours l’ancien chevalet, sorte d’ascenseur tractant les mineurs et leur production, encore intact malgré les années. En plus de l’incontournable terril, vous traverserez aussi la drève de la Princesse, ouverte dès le XVIIIe siècle. Sans compter la cité du Pinson et ses corons typiques de la région, qui vaut bien un détour d’à peine 1km. L’église Sainte-Cécile, construite par des polonais, est un rappel pittoresque de la diversité des mines, qui attiraient des ouvriers venus de toute l’Europe.
Après une telle découverte, rien de tel qu’une halte à la brasserie Bonne Bière, quelques kilomètres plus loin, pour se remettre de ses émotions !
Boire une Bonne Bière comme au bon vieux temps
A un peu moins de 10km de la fosse Sabatier, Charlie et André ont ouvert leur brasserie pour redonner vie à la mine de Hérin ! Depuis sa fermeture en 1978, la mine tombait dans l’oubli, après avoir rythmé la vie de la ville pendant plus d’un siècle ! Rien de plus naturel donc pour les deux brasseurs que de s’installer dans le seul bâtiment du complexe resté debout. Vous commencez à le comprendre : le patrimoine minier de la région se retrouve absolument partout!
© La Voix du Nord
Ressusciter la mine
Nos deux amis devaient créer leur propre brasserie pour coller à leur projet atypique ! La brasserie Bonne Bière (BB pour les intimes) est loin de se contenter de ses locaux originaux. On n’y lésine pas sur les efforts pour redonner vie à l’endroit. Charlie et André organisent régulièrement des spectacles et concerts, et même des cours de flamenco ! Les habitués se pressent chaque fois nombreux pour profiter de l’ambiance chaleureuse de la maison. Bien plus qu’un lieu de production de bière, la brasserie doit devenir un véritable lieu de sociabilité, comme pouvaient l’être ses prédécesseures du temps de la mine. Et le tout uniquement avec des bières BIO, et des ingrédients rigoureusement sélectionnés ! La brasserie BB a à cœur de proposer des produits de qualité, à chaque étape de la production !
Avec des bières craft
En parlant de bières, depuis 2019 qu’elle brasse, la maison a eu le temps de perfectionner ses 6 recettes différentes. Quand on associe le savoir d’un chimiste aux techniques d’un brasseur amateur, le résultat ne peut qu’être explosif ! En plus des blonde, triple, ambrée et brune classiques, on savoure aussi leur « Mine dé rin » noire et leur blonde Saison « Grisette ». Là encore, on retrouve l’influence de la mine – la Grisette fait directement référence au grisou. Et comme c’est la mode, la brasserie propose aussi des brassins éphémères de seulement 5hL !
Toutes ces bières se retrouvent évidemment à la boutique et dans les bars environnants. Et pour les plus gourmands d’entre vous, la brasserie prévoit même de sortir des micro-fûts de 75cL, pour que chacun puisse déguster leurs recettes à la pression ! Mais la meilleure expérience reste la taproom de la brasserie. L’ambiance steampunk conférée par les locaux de la mine ne vous laissera pas indifférents. Qui peut rêver mieux pour déguster une bonne bière ?
Une base de loisir dans une mine ?
Avec son étang pittoresque et sa base de loisir, le terril des Argales – aussi appelé terril de Rieulay – est l’endroit parfait pour un dimanche détente dans la nature. L’endroit est un modèle de réhabilitation réussie. Quand la désindustrialisation menace la mine de Rieulay à partir de 1977, la mairie aménage l’étang qui s’est formé naturellement sur le terril pour attirer les vacanciers de la région. Et on peut dire que l’opération est un succès ! Chaque année, ce sont 200 à 500 000 visiteurs qui viennent profiter des nombreuses activités proposées.
©Douai nage avec palmes
Cette fois, c’est un terril plat que l’on vous propose de découvrir. Mais pas n’importe lequel ! Avec ses 140 hectares, le terril des Argales est le plus grand d’Europe, rien que ça. Il est aussi classé à l’UNESCO. L’histoire commence en 1904, quand un immense gisement est découvert dans les sous-sols de Rieulay. Les ingénieurs décident de bâtir un terril plat, pour limiter les risques d’enfoncement dans le sol marécageux. Ce choix n’empêche cependant pas un étang de se former à la suite de l’enfoncement des sols et de plusieurs effondrements. C’est cet étang qui nous attire aujourd’hui sur les lieux !
Plus de terril, mais de la bonne humeur
ATTENTION : le réchauffement naturel des sous-sols du terril cause des risques de brûlure sévère (la température monte à 600°C quelques mètres seulement sous la surface) et dégage des vapeurs toxiques. L’accès au terril est donc strictement interdit et très dangereux pour la santé. Cependant, la base de loisir des Argales reste accessible au public, et réjouit petits et grands !
La base de Rieulay propose un large éventail d’activités pour tous les profils. L’étang est l’endroit parfait pour s’essayer au canoë et à la pêche ou simplement pour se détendre dans l’eau. Et si vous préférez la terre ferme, les nombreux parcours de randonnée feront votre bonheur. A pied, à vélo ou à cheval, vous trouverez forcément chaussure à votre pied (et fer à votre sabot). Essayez le circuit du marais des Onze Villes ou le chemin des Galibots.
Le site est également parfait pour nos amis les animaux. Hors des sentiers aménagés votre chien peut s’égayer librement sans laisse dans les grands espaces du parc de Scarpe-Escaut !
Chassez le naturel…
Sur les plages de sable fin de l’étang, on se plaît à admirer la biodiversité riche de l’endroit. Eh oui ! S’il est un autre bienfait de cette reconversion, c’est d’avoir permis à la nature de reprendre ses droits ! Qui se douterait que le lieu n’était qu’une friche il y a seulement 40 ans ? Toute une partie de l’étang est inaccessible au public, réserve ornithologique oblige. Ce qui ne nous empêche pas de profiter du spectacle de loin ! (L’aide de jumelles est la bienvenue soit dit en passant).
Pour terminer en beauté, la fromagerie des chevrettes du terril vous propose d’excellentes spécialités locales, quand les chèvres ne vous accompagnent pas dans vos balades ! Pour une déconnexion encore plus totale, nous vous recommandons la roul’hôte : chambre d’hôte originale à souhait dans une… Roulotte ! Je sais, on ne s’en serait pas douté. Et puis évidemment, vous pouvez vous retrouver autour d’une bonne bière à la brasserie la Fabriq’ !
La brasserie La Fabriq’ : les crafts sont de retour
Pour marquer le retour des bières craft sur le territoire du géant Goudale, il fallait une brasserie pas comme les autres ! C’est bien la mission que s’est donnée la brasserie La Fabriq’, depuis son QG de Râches !
© Brasserie La Fabriq’
S’installer dans la briqueterie qui alimentait tout le Nord de ses iconiques briques rouges, on ne peut pas faire plus typique de la région ! On retrouve encore les rails d’acheminement des briques dans certaines salles de la brasserie. Et l’ancrage local est loin de s’arrêter là. La Fabriq’ produit des bières 100% BIO, issues de produits de France et de Belgique.
La brasserie s’engage aussi pour la planète, et elle ne fait pas semblant ! Véhicules électriques, réutilisation et recyclage des emballages, réutilisation des drêches par les agriculteurs voisins… Surtout, La Fabriq’ participe au retour de la consigne dans la région, en participant au réseau Haut la consigne !
Grands classiques, grande qualité
La brasserie propose aujourd’hui 5 bières craft, évidemment toutes BIO, pour le plus grand bonheur de nos papilles. Retrouvez leurs incontournables blonde, triple et ambrée, mais aussi leur IPA et leur Stout noire aux arômes de café et chocolat. Notre préférée reste la blonde, sèche et équilibrée au bon goût de céréales sublimé par une teinte de fruits rouges. On déguste ces excellentes recettes dans le cadre idéal de la taproom sur les bords de Scarpe, en face de la salle de brassage ! Cerise sur le gâteau, des snacks sont disponibles pour les petites faims.
Comme c’est souvent le cas dans ces brasseries modernes, l’équipe organise régulièrement des concerts et spectacles. Bonne ambiance garantie ! Il est également possible de visiter la brasserie ou de privatiser la taproom pour vos évènements. En plus de l’habituelle location de tireuse, La Fabriq’ propose aussi un bar mobile, plus original, pour s’adapter à vos besoins. Impossible de s’ennuyer à la brasserie La Fabriq’, entre ses bières succulentes et ses évènements originaux !
Avec toutes ces sorties, vous aurez de quoi occuper votre mois d’août. Et si vous avez encore soif de Hainaut, découvrez nos suggestions de randonnées bière et nature à faire dans la région. Vous allez bientôt vous en rendre compte, mais le Hainaut n’a pas fini de vous faire rêver!
